lundi 14 octobre 2013

Réponse coup de poing

Réponse à ce post, reçu dans le tumblr Je connais un violeur : 

"Je ne connais pas de violeur, mais j’ai lu vos notes, je crois que certaines personnes manque d’intuition ou  de prudence, soirée alcoolisées, sorties  en groupe,  sortie avec une personne  que l’on ne connait  qu’à travers le travail ou des connaissances, poursuite d’un travail  malgré les agressions du patron, faiblesse de caractère ou compromission  coupable,  je n’arrive pas à comprendre que les personnes qui se sont fait violer avec ou sans violence ne porte pas plainte, c’est incompréhensible,  par contre en ce qui concerne les viols dans une famille c’est dramatique"

Si vous aviez réellement "lu les notes", vous auriez remarqué que la plupart des viols surviennent dans des contextes où la victime fait confiance à son agresseur. Et c'est justement de cette confiance qu'il abuse, et dont il se sert pour se couvrir. 
Vous ne connaissez pas de violeur, du moins vous n'avez jamais subi de viol (tant mieux) - ce qui est différent. Pensez aux hommes de votre entourage : famille proche et élargie, copains, petit ami, amis d'amis.. Vous les voyez ? Maintenant imaginez que cette personne commette un viol. Ca vous laisserait pantoise, n'est-ce pas ? Et bien c'est exactement que vivent les victimes : abus de confiance, incrédulité, culpabilisation, haine de soi.. traumas et sentiments que vous ne souhaitez pas à votre pire ennemi-e. 
"je crois que certaines personnes manque d’intuition ou  de prudence, soirée alcoolisées, sorties  en groupe" La jeune femme ou le jeune homme qui sort avec son groupe d'amis manque de prudence ? La locataire qui visite un appartement manque de prudence ? La femme qui reçoit un ami ou collègue à dîner manque de prudence ? La femme qui est mariée avec un homme manque de prudence ??? 

"poursuite d’un travail  malgré les agressions du patron" : et oui, l'intimidation qui fait perdre confiance en soi ne donne pas spécialement des ailes pour quitter un emploi.. et la pression économique et sociale, vous connaissez ?
"faiblesse de caractère ou compromission coupable" - vous insultez les victimes de viol. Que dire, à part que vous êtes indigne ? A part un énorme déni ou une carapace totalement névrotique, je ne vois pas. 
" je n’arrive pas à comprendre que les personnes qui se sont fait violer avec ou sans violence ne porte pas plainte"
1 - on ne dit pas "se faire violer", on dit "être violé-e" 

edit : 2 - être violé-e "sans violence", dites-vous ? Le viol n'est donc, en soi, pas une violence.. Bien bien.. 

3 - Vous avez lu les notes ? Rien ne vous a frappé ? La honte de soi, le déni comme moyen de survie psychologique, l'assurance qu'on ne sera pas cru-e.. pour votre gouverne, je vais vous en apprendre une bonne : porter plainte pour viol ne revient pas à porter plainte pour un vol de portable. Dans le 2ème cas, on vous pose moins de questions déplacées sur votre vie sexuelle, figurez-vous. 
" les viols dans une famille c’est dramatique" Quelle empathie, bravo. Et dans le couple / groupe d'amis ou autre, c'est foncièrement différent ? 

Vous faites part d'une méconnaissance, d'un mépris, d'un manque d'empathie et même d'insultes envers les victimes. C'est profondément dérangeant et choquant. J'espère que la lecture des témoignages (et de ma réponse, sait-on jamais), vous aura ouvert les yeux sur un drame humain d'une ampleur massive. Nous parlons de crime, de trauma comparable à de la torture.. Et vous soupçonnez la victime d'être "faible de caractère". Et aucun mot sur la culpabilité des agresseurs. 

Honte à vous. 













13 commentaires:

  1. Cette "personne" n'a aucun coeur. Plus loin que ça, elle n'a aucune conscience! OU, elle est elle même dans le déni!
    Ne pas comprendre à ce point est incroyable!

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  2. Je n'ai pas été tendre moi-même dans ma réponse, cette personne (n'oublions pas que c'est une femme) est sûrement dans le déni, ou dans une peur extrême que ça lui arrive. Ca reste des propos inacceptables. Des propos tenus par les agresseurs eux-mêmes.

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    1. J'y vois une possible victime, dans le déni...

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    2. J'y pense : qui nous dit que c'est vraiment une femme ?
      Gardons en tête que 97% des violeurs sont en liberté...

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  3. Ça me semble malheureusement très banal ; ce sont les mêmes personnes qui pointent un décolleté en le qualifiant "d'appel au viol". De la même façon que les femmes ne devraient pas à avoir peur dans la rue - ni à changer de tenue pour ne pas "provoquer" les hormones de ces messieurs - elle ne devraient pas non plus avoir à surveiller leur verre, se trimbaler avec une mini-caméra, une bombe lacrymo, ou apprendre à se défendre pour éviter leur culpabilité dans un acte dont elles ne sont pas dépendantes (je ne parlerai pas des hommes, dont on dit généralement qu'ils ne peuvent pas être violés, chose qui se ramène à des inepties similaires et tout aussi scandaleuses).
    La personne qui a écrit ce message devrait réaliser qu'elle répond elle-même à sa question du porter-plainte. En émettant des doutes sur la bonne foi des victimes, sur leurs capacités mentales ou physiques (et en oubliant de même qu'à la recherche d'un nouveau travail, on a tendance à appeler vos pairs et vos anciens supérieurs pour connaître votre "qualité", d'où la difficulté rencontrée lors de harcèlements dans le milieu professionnel), elle cristallise toutes les réactions de l'entourage d'une victime - et s'il en est, du corps judiciaire.
    Si elle nous lit, j'aimerais que votre réponse lui fasse comprendre que si les victime sont brisées par le viol, ce sont des réactions comme la sienne qui les réduisent en miettes.

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  4. Merci d'avoir réagi contre cette femme qui, à mon avis, devrait sincèrement se remettre en question.
    Ses propos sont des coups de poignards. Je ne comprends pas son raisonnement.
    Merci d'être la voix des victimes qui n'en n'ont pas.

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  5. Compte tenu du fait qu'elle ait pris la peine de te faire part de sa réflexion (contestable, soit), je pense que cette femme était ouverte à la discussion. Moins d'animosité dans ta réponse aurait peut-être permis d'ouvrir le dialogue, mais tant de fermeté incite à se braquer, c'est dommage. Si le sujet, si flambant, invite à la véhémence, je pense qu'elle est au contraire contre productive, aussi rationnels soient tes arguments.

    Les moeurs sont ancrées et bien compliquées à faire évoluer, et un discours si abrupt ne t'est pas favorable dans ton combat pour la prise de conscience. Tel que je le perçois, ses préjugés ne demandaient qu'à être remis en question, et ce de manière posée. Il est bien entendu difficile, lorsque l'on a affaire à un tel discours, de garder son sang froid et de chercher à établir le dialogue, pourtant cela aurait à mon sens sans doute été plus fructueux qu'une réponse tranchante, bien qu'avérée, telle que celle que tu lui as livrée. L'encourager de manière moins amère à lire les notes, l'amener à prendre elle-même conscience de ses propres fautes de jugement aurait pu allumer une étincelle de révolte en elle ; mais tenter d'imposer cette révolte est selon moi une erreur, malgré le sujet brûlant.

    Le féminisme ne naît qu'à partir d'un constat personnel, intime. Il n'est amené non pas en convaincant mais en persuadant, c'est une nuance impérative. Ce n'est que par ce biais que les mentalités sont susceptibles d'évoluer.

    Je ne perçois pas cette femme comme cruelle ou médisante, au contraire, son discours empli de pré-conçus n'est que la preuve qu'elle est victime d'une société encore profondément machiste, un sexisme insidieusement injecté dans nos cerveaux qui ne peut être renversé que par le dialogue, pas par la violence. Cette femme aurait pu se remettre en question, et ne demandait selon moi que ça. Lui répondre aussi froidement n'aura probablement pour effet que de la braquer.

    Ce n'est pas un blâme, je trouve juste cela dommage.

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  6. J'approuve Lucile au plus haut point. Le problème ne peut se résoudre que par la pédagogie, et vous en avez cruellement manqué dans votre réponse. Au lieu de lui apprendre quelque chose, vous venez sans doute de fermer une porte qu'elle avait ouverte.

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  7. Bonjour,
    Il ne me semble pas que cette personne était "ouverte à la discussion". Ses termes sont blessants, tranchants, sans pitié; et qui vous dit que c'est vraiment une femme ???
    Gardons en tête que 97% des violeurs sont en liberté...

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  8. Mea culpa, j'avais cru lire spécifié en toutes lettres que l'auteur du commentaire était une femme.
    Ses termes sont blessants, tranchants, oui. Sans pitié, je ne pense pas : plutôt condamnant, mais non pas par cruauté mais par ignorance. Le rôle des féministes n'est pas d'imposer le savoir, mais de l'inculquer de manière pédagogique, c'est ainsi que je le conçois. Tout dialogue peut mener, non seulement à la résolution d'un conflit, mais aussi à l'évolution des pensées de l'interlocuteur.

    En tant que féministe, tu veux faire changer les mentalités. Cela est admirable, et consiste en une tâche énorme, peut-être même insurmontable. Mais au cas-par-cas comme dans cet échange entre l'auteur de ce mail et toi, il est bien plus accessible de donner la possibilité à ton interlocuteur d'explorer de nouvelles pistes de réflexion. Peut-être que je suis trop optimiste, peut-être que cela n'aura pas l'effet escompté, mais vaut tout de même le coup de tenter, tu ne penses pas ?

    Ne jamais perdre de vue tes objectifs initiaux : faire évoluer les mentalités. Tu n'y arriveras pas, selon moi, si tu condamnes l'étroitesse d'esprit des gens.
    N'oublie pas que cette étroitesse n'est que le résultat du formatage des vestiges patriarcaux bien ancrés dans la société. Les idées reçues machistes sont profondément enracinées dans les esprits, le rôle des féministes n'est pas de les condamner, mais de les amener, autant que possible, eux-mêmes vers une prise de conscience.

    Je parle d'expérience personnelle, j'étais conditionnée par la société, par mon entourage, et à peine deux mois plus tôt j'aurais pu sortir exactement les mêmes paroles que t'a énoncées ton interlocuteur. Ce n'est pas par bêtise, je ne me considère pas imbécile, mais simplement par ignorance. Et c'est contre cette ignorance que les féministes doivent lutter si elles veulent être étendues, et non les condamner.

    Et un jour, c'est tout bête, je suis tombée sur ton tumblr jeconnaisunvioleur. Et de là est parti un constat intime, une prise de conscience, qui n'aurait jamais pu être imposée par un débat tumultueux. J'admire ton travail, et je t'encourage à insuffler cette prise de conscience comme tu l'as fait avec moi, dans la tête de tous ceux qui prendront la peine de s'intéresser à ton travail. Mais si tu veux opérer de manière efficace, je pense que la pédagogie est de rigueur, même si elle se soldera souvent par de nombreux échecs. Parmi toutes les personnes à qui tu t'adresses, malgré leur fermeture d'esprit initiale, tu ouvreras une porte, tu déclencheras une étincelle dans la tête de certains d'entre eux, tu sèmeras la graine dans leur esprit qui leur fera réaliser : « Mon dieu, quelque chose déconne sérieusement dans cette société. ».

    Je crois fermement en le pouvoir du dialogue pacifique, car on ne peut adhérer aux idéaux féministes que par un constat intime, et non par le conflit, c'est contre-productif.

    Continue ta quête, tu as réussi à me sensibiliser au féminisme et je ne suis pas la seule.

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  9. il faut éduquer, expliquer ! on nous conditionne dès le plus jeune âge...Je ne suis pas surprise, vu le nombre de réactions que je lis, qui reprennent le shéma classique "les femmes doivent être prudentes" Il y a toujours ce jugement, quelque part. Je n'ai pas grand chose à ajouter si ce n'est ma lassitude répétée face au manque d’empathie, de connaissance, voir même de logique de certains, certaines....

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    1. Frifox, je crois que cette personne est autant une femme que toi, tu es un renard..
      ;-)

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