mercredi 24 avril 2013

Printemps des pères, SOS Papa... la face miso




"Quatre jours sur une grue : l'agit-prop d'un père en colère" (Le Monde, 19/02/2013), "Grues occupées, merci aux pères nantais" (Rue89, 16/02/2013)

Que veulent ces pères divorcés, qui montent sur des grues pour exprimer leur mécontentement face à la Justice? 

Pour eux, les femmes ont pris le pouvoir. Dans la Justice et lors des procédures de divorce en particulier, les pères se voient évincés quasi-systématiquement et abusivement de la garde de leurs enfants.


Citons l’un d’entre eux :"malheureusement, la justice n'est pas impartiale, il suffit de prendre tous les chiffres sur les résidences et domiciliations des enfants, 80 % des domiciliations sont remises aux mamans".

Si l’on se penche sur ce chiffre de 80%, on s’aperçoit rapidement que dans une immense majorité des cas, les pères souhaitent qu'il en soit ainsi. Un week-end sur deux et la moitié des vacances leur suffisent, et il n'y a donc aucun conflit sur ce point. Est-il nécessaire de rappeler que les femmes s'occupent encore à 80 % des tâches parentales et domestiques ? Lors d’un conflit sur la garde des enfants, les “mères arrivent à prouver qu'elles ont arrêté de travailler. Ou bien qu'elles ont ralenti, changé de rythme. Ce qui fait que le juge aura tendance à donner la garde plus souvent à la mère”, explique Delphine Msika, avocate au barreau de Valence (source : Slate). Elle ajoute que les pères demandent beaucoup moins souvent la garde des enfants que les mères : ‘il va falloir sortir plus tôt, aménager ses horaires, c'est beaucoup plus compliqué pour un homme que pour une femme”... Disons surtout que les hommes rechignent à mettre un frein à leur carrière pour s'occuper de leurs enfants, avant comme après un divorce.


La documentariste Myriam Tonelotto explique dans son film In nomine patris que les militants des associations de pères les plus virulents sont dans les faits violents envers leur ex-femme et que les enfants, quand ils en ont la charge, sont souvent confiés à leurs grand-parents. Ils les réclament pour finalement ne pas ou peu d'en occuper. Ces hommes utilisent leurs enfants pour nuire à leur ex. Si certains peuvent être dans une réelle détresse, la sincérité des autres reste à prouver. Leurs motivations réelles sont souvent plus sordides qu'un amour pur pour leur progéniture.
Le réalisateur Patric Jean, dans le Monde, cite les récents cas français en exemple : Le premier dit ne pas avoir revu son fils depuis deux ans et manifeste donc son "désespoir". Mais on sait qu'il a été condamné à un an de prison en septembre 2012, dont quatre mois ferme, pour avoir enlevé son fils. Des violences avaient été exercées à cette occasion. L'enfant avait été retrouvé en Ardèche, deux mois et demi plus tard. Cet homme s'est donc vu retirer son autorité parentale, ce qui est prévisible.”

Et que dire de cette réticence à payer les pensions alimentaires, comme en témoigne une affiche du Printemps des pères ?



"Rançons alimentaires - Mi putes mi soumises"
Les masculinistes seraient-ils tout simplement radins?

Pas seulement, malheureusement. Des pères sincèrement désolés de leur situation ont témoigné sur leur passage auprès de ces associations : "On n'était pas là pour m'aider, mais pour me faire tenir un discours haineux sur les femmes." (cité par Patric Jean)

La page Facebook du Printemps des pères, que j’ai pris la peine d’explorer (en me pinçant le nez) regorge de mots doux : “pouffiasses utéristes”, “truies”, “viande à pattes féministes”, “paquets d’organes”. Des affiches insultantes envers les mères divorcées circulent sur le réseau social :




La France est aux mains d'une Justice "fémino-sexiste", assimilée à la "mafia fémino-sioniste", qui a entamé un "génocide" contre des pères. L'administrateur de la page Facebook, Philippe Louvet, incite clairement à la violence contre les mères divorcées et les "soldats", le Printemps des pères se donnant le beau rôle de "résistant" : juges, avocat(e)s, psychologues. On peut y lire, dans le désordre :

“ya des balles dans la nuque qui se perdent par chez nous,

un grand coup de torchon s’impose pour virer ces araignées sordides”.

“me suis souvent demandé si ces connasses seraient aussi cupides, si lors des visites et déplacements, elles rencontraient des bates de base-ball”

“la justice, on sait tous faire”

ou encore :


Et le mot de la fin :






Les associations de pères divorcés sont en fait la façade de respectabilité de mouvements aux revendications plus vastes, masculinistes, et à la misogynie assumée. Francis Dupuis-Meri et Mélissa Blais, chercheurs à l'Université du Québec à Montréal et auteurs de "Le mouvement masculiniste au Québec : l'anti-féminisme démasqué" (Remue-ménage, 2008), soulignent leur dangerosité insidieuse. En tant qu'hommes de 30 à 40 ans, blancs, hétérosexuels et issus des classes moyennes, ils représentent les "bons pères de famille", le citoyen respectable que les élites politiques écoutent bienveillamment. 

C'est donc à nous, militant(e)s et citoyens attachés aux valeurs d'humanisme, de pointer la malhonnêteté de leur discours et la violence de leurs propos et des méthodes dont ils se réclament.












Aldo Naouri et la confusion entretenue sur le viol conjugal


Paru dans ELLE le 29 mars :
"Très présent médiatiquement après la parution d'un nouvel ouvrage, Aldo Naouri évoque dans cet entretien un homme se plaignant que sa femme ne fasse plus l'amour après la naissance d'un bébé. Il raconte alors qu'il lui a conseillé « en exagérant : 'Violez-la !' ». Et de poursuivre : « C’était excessif mais c’était une manière de dire : allez-y, foncez, ça viendra bien ! D’ailleurs, à ces mots, le visage de la femme s’est illuminé ! »"
Il y a une grande ignorance et un tabou pesant autour du viol conjugal ou dans le couple. Une femme est sensée être disponible pour son copain ou mari, elle est sensée le désirer, donc comment pourrait-elle ne pas être consentante ? Accessoirement, il est admis qu'un homme ne se comporte pas en criminel envers une femme qu'il connaît, aime et respecte.
Le viol en général est perçu comme un acte sexuel avant tout, il est même érotisé (on parle de fantasme de viol, or comment peut-on désirer un acte par définition non-consenti? c'est un non-sens). Sa définition est floue. J'ai entendu dire par une amie "les femmes aiment bien se faire violer". Elle parlait de sexe un peu "rude", mais en aucun cas non consenti. Il y a une confusion immense sur le terme.
Quand ce médecin propose de "violer" une femme en "exagérant", il suppose que le viol est une "exagération" d'un acte sexuel.
Pourtant, de deux chose l'une : soit chacun est consentant, et c'est du sexe, plus ou moins bon, mais c'est une situation normale. Soit l'un des partenaires est contraint et il s'agit d'une atteinte grave à sa dignité et d'un crime passible de prison ferme. Ce n'est pas une question de degré mais de nature.
Naouri commet une incitation à la violence, et en faussant la définition du mot "viol", il le rend encore plus difficile à combattre. Naouri peut se défendre en disant qu'il ne parlait vraiment d'un viol, puisque "le visage de la femme s'est illuminé". Pourtant les mots ont un sens précis. C'est cette confusion sur les termes qui fait qu'une victime de viol peut s'entendre dire "Tu es sûre que tu ne voulais pas?" ou "Bon, vous l'avez interprété comme un viol.."
Et le viol dans un couple ne devrait pas être considéré différemment d'un viol commis par un inconnu. Le geste est le même, tout aussi destructeur. Et c'est un problème trop grave et sous-estimé pour qu'on se permette d'en parler de façon ambiguë et légère.

Prostitution : pour une pénalisation du client

Article publié le 12 décembre 2012 sur mon ancien blog sans nom :
http://pauline.arrighi.overblog.com/je-ne-suis-pas-coincee-mais-la-prostitution-doit-etre-penalisee


Après vous avoir recommandé l'article ci-joint de la féministe Anne-Cécile Mailfert, je vous livre un avis personnel, voire intime, sur la question de la prostitution.
J’ai grandi dans un milieu favorable à la prostitution et j’ai souvent entendu dire qu’il s’agissait d’un travail comme un autre, peu recommandable certes, mais somme toute moins ingrat qu’un emploi d’ouvrière par exemple.
En tant que jeune femme, la possibilité de gagner d’importantes sommes d’argent, et si ce n’est facilement, du moins très rapidement, pose la question : pourquoi est-ce que je m’y refuse? (car je m'y refuse). En y réfléchissant, j’ai évidemment vite compris les raisons de mon propre dégoût, mais je me suis aussi rendue compte que ce qui était mauvais pour moi l’était pour toutes les femmes. Que ce n’est pas un simple manque d’appétence de ma part, mais un refus d’une pratique réellement malsaine et aliénante pour toutes les femmes et hommes qui s’y adonnent.
Mon avis en faveur de la pénalisation de la prostitution provient donc d’une remise en question d’une idéologie ambiante et d’une réflexion à partir de mon ressenti personnel en tant que femme.
Je rentrais de la fête de la musique il y a quelques années, en robe estivale tout ce qu’il y a de plus correcte, quand un homme m’aborde en me proposant de l’argent.
Je ne vous dirai pas combien. Je suis pudique sur les questions d’argent, comme la plupart des Français, mais ce n’est pas un tabou pour moi, et je peux même révéler que j’ai touché, pour Crimes et délits cocasses, un à-valoir de 3000 euros brut. Pourtant je ne révélerai pas la somme que cet homme m’a proposée. Parce que je ne veux pas que vous sachiez à combien on évalue une nuit passée avec moi. Parce que je ne veux pas qu’on se demande si ça les vaut ou non, si on aurait mis autant, davantage ou moins. Ma compagnie ne se note pas sur 20 et ne s’évalue pas en euros.
C’est le cas du travail, intellectuel ou physique, mais l’accès au corps n’entre pas dans cette catégorie, de la même façon que le sang, les plaquettes ou les ovules ne se vendent pas. Si c’était le cas, le sang de certains serait plus cher qu’un autre?
En considérant la prostitution comme une prestation de service rémunérée, on oublie qu’il s’agit d’un accès au corps, on abolit les barrières vitales entre son intimité et celle d’autrui, qui ne doit être franchie que dans le cadre d’une volonté partagée. On oblige les prostitué(e)s à se dissocier de leur corps et de leur désir. En s’imaginant une seconde dans cette situation, avoir des relations sexuelles avec un individu quelconque en ne pensant qu’à la rémunération qui suivra, on ne peut que se réfugier dans une pensée du type “ce n’est pas moi, ce n’est que mon corps”. Il devient nécessaire de s’en séparer, de le quitter un instant pour le retrouver une fois l’acte consommé. Or l’être humain et son corps ne forment qu’un, et la dissociation opérée par les professionnels du sexe va à l’encontre de l’équilibre psychique. C’est d’ailleurs la même dissociation qui est opérée, malgré elles, par les victimes d’abus sexuels.
La prostitution ne peut pas être considérée comme un travail car un acte sexuel n’est pas l’équivalent d’une présentation Powerpoint.
Lorsque cet homme, ni laid, ni vieux, m’a proposé de me payer et que j’ai poliment refusé, je n’ai pas été choquée tant par sa proposition en elle-même que par son arrogance. Sa détestable suffisance provenait de toute évidence du sentiment de pouvoir qu’il attribuait à son argent. Il a lourdement insisté en s’étonnant ou feignant de s’étonner de mon refus, comme un client à qui une épicière refuserait de vendre un produit, ce qui serait étrange en effet. Cet homme avait la suffisance de celui qui peut tout obtenir, de celui face auquel le monde n’est qu’un étalage d’objets destinés à combler le moindre de ses désirs. Et les femmes font partie de ce monde de produits de consommation que son argent rend accessibles.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/620783-abolir-la-prostitution-est-reactionnaire-reponse-aux-pro-prostitution.html



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