vendredi 12 juillet 2013

Prostitution : si les clients pouvaient se taire..


Et si on laissait parler les femmes ? 

Les survivantes, bien sûr, mais pas uniquement.

Quand je dis que la prostitution est une violence, même dans les beaux quartiers, même si le client est « gentil », on me rit au nez : « C’est juste ta sensibilité, tu projettes tes propres blocages, tu fais de ton cas une généralité... ». Je suis donc une petite fille gâtée qui refuse la prostitution par sensiblerie niaise.

« On peut accepter d’être contrainte » : voici le genre d’absurdités qu’on entend à  propos de la prostitution, de la part d’hommes parfaitement intégrés socialement. Nous sommes décidément des créatures irrationnelles et bien « compliquées » : la règle de logique élémentaire selon laquelle A n’est pas non-A s’applique à l’univers entier sauf à nous !

Dès qu’un acte sexuel est monnayé, il n’est pas libre. Le choix du partenaire est contraint, ce qui est en soi une violence. En plus de cela, le partenaire (qui n’en est pas un) devient client, face à un service dont il dispose. Un client peut être beau et avoir la peau douce. Je peux même l’avoir choisi. S’il m’impose une pratique sexuelle que je ne désire pas, c’est un viol.

C’est là que les choses deviennent confuses dans les esprits de ces messieurs, qui ne font pas toujours la différence entre érotisme et violence, entre plaisir et avilissement.

« Imagine qu’une femme soit agressée sexuellement, mais en fait elle le voulait », m’a dit un garçon bien éduqué de mon cercle d’amis.
Jeune homme, sais-tu que je n’ai nullement besoin d’« imaginer » une agression sexuelle ? Comme de nombreuses femmes, et certains hommes, les pressions en tous genres et la violence dans le domaine sexuel sont pour moi tout sauf une vue de l’esprit.
Contrairement aux hommes qui couvrent ma voix avec la leur, et qui me font taire avec dédain, je sais très bien ce que c’est, que d’être dépossédée de son corps.

C’est en ce sens que les femmes devraient être écoutées sur la question de la prostitution. Messieurs, il ne viendrait à l’esprit d’aucune de nous de vous couper la parole d’un ton péremptoire pour vous imposer nos propres vues sur votre vécu en tant qu’homme.

Laissez-nous parler de ce que nous connaissons et que vous ignorez. Oui, nous sommes plus à même de concevoir la brutalité potentielle du sexe, et les dégâts immenses qu’elle peut causer, que le spectateur de film X qui s’excite devant l’avilissement d’une femme et qui n’a jamais connu l’humiliation.



4 commentaires:

  1. Tellement bien écrit,
    tellement vrai.
    On met ton article dans notre rubrique "la revanche des sites" !

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  2. Victor, vous avez supprimer votre commentaire volontairement? J'allais répondre.
    Pour commencer, le Strass est, comme son nom l'indique, un groupe qui défend les intérêts des proxénètes. On y trouve aussi des personne prostituées qui se revendiquent comme telles. Or leur parole est-elle libre, quand on sait qu'elles dépendent des souteneurs et des clients pour vivre? On observe plusieurs phénomènes, le fait que les prostitué-e-s disent être fièr-e-s de leur activité pour survivre, se regarder dans la glace après des dizaines de passes à la suite, s'être fait cracher/pisser dessus, j'en passe et des meilleures.
    Les prostituées qui s'en sortent expliquent elles-mêmes ce procédé. Personne ne veut être une victime. C'est le même principe pour la femme battue qui reste avec son mari en lui donnant de bonnes raisons de la battre. "je suis maltraitée" n'est pas une phrase qu'on se dit à soi-même de bon coeur.
    Pour la suite, on peut en parler, mais comme le commentaire a disparu je ne sais plus trop quoi dire :-)
    En tout cas merci pour votre réaction, bon week-end !

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