Pendant toute ma scolarité, j’étais une forte en thème, passionnée par les lettres et les sciences humaines. Parfois je participais en cours, parfois non, peu importe puisque j’étais parmi les meilleur.es. J’étais revêche. Je n’étais pas tellement populaire auprès des filles, pas du tout auprès des garçons. Evidemment, les profs m’adoraient. C’était bien la moindre des choses.
Puis je suis entrée à Sciences Po. J’ai commencé à observer que des étudiants masculins étaient beaucoup plus sûrs d’eux et satisfaits d’eux-mêmes que je ne l’étais, alors qu’ils travaillaient moins bien. Je passais plus de temps parmi les livres qu’auprès des associations étudiantes, en week-ends d’intégration ou en soirée.
En entrant dans la vie active, j’ai pris une claque. De façon fidèle aux statistiques, j’ai eu plus de mal à m’intégrer sur le marché de l’emploi et j’ai été dès le début de ma carrière moins bien rémunérée que les fêtards qui étaient contents d’eux avec un 12. L’entreprise est un monde où les élèves studieuses ne sont pas les bienvenues.
Les élèves féminines sont moins stimulées en cours que les garçons. Ces derniers apprennent vite que leur agitation est tolérée. Dès qu’ils lèvent la main pour intervenir, voire dès qu’ils interrompent l’enseignant.e, ils sont écoutés avec soin. Ils apprennent l’affirmation de soi et la prise de parole en public. Ils apprennent que leur opinion est importante et mérite d’être prise en compte par le groupe.
Les bonnes élèves, quant à elles, écoutent le cours et les garçons patiemment et récoltent des bonnes notes. Puis elles deviennent des femmes qui travaillent, travaillent, et restent dans l’ombre. L’école leur a fait croire que leurs efforts et leur talent seraient toujours automatiquement pris en compte et récompensé.
Or, dans l’entreprise, elles doivent constamment démontrer leur valeur, prouver qu’elles méritent d’être à leur place. Alors elles travaillent, travaillent et ne s’impliquent pas dans les réseaux. Elles n’ont pas de conversations informelles ni de déjeuners interminables et ne jouent pas au golf. Elles travaillent tandis que leurs collègues masculins se montrent, nouent des liens et échangent des informations. Les femmes s’épuisent mais elles stagnent.
Mesdames, il nous reste un long chemin à parcourir avant d’être autant prise au sérieux qu’un homme, à compétences égales, sans biais sexiste. Pour autant, nous pouvons dès à présent prendre conscience du fait que la bonne élève que nous étions a pris un mauvais pli. Travaillons plus efficacement, c’est-à-dire plus égoïstement. En gardant toujours en tête une exigence de visibilité. Lorsque c’est possible, choisissons nos missions en se posant les questions suivantes :
est-ce que cette mission me permettra de démontrer clairement mes compétences par des résultats concrets ? Est-ce qu’elle me permettra de développer mon image de marque ? En bref, est-ce que je travaille pour l’entreprise mais aussi pour moi et ma carrière ?
Mettre en avant ces réussites va à l’encontre d’un autre mauvais pli qui nous a été imposé. S’il est délicat pour tout le monde de risquer de paraître arrogant, pour les femmes le piège est redoutable, tant on attend d’elles, inconsciemment, modestie et discrétion. Je développerai cet aspect dans un autre article, point trop n’en faut. Celui-ci est déjà assez consistant, pas vrai ?
Je me permet de vous laisser le lien d'un article qui complète votre analyse : https://medium.com/s/story/the-male-leadership-traits-that-encourage-bad-leaders-acc4b2886aee
RépondreSupprimerJe sympathise avec cet article. J'étais facilement une étudiante A toute ma vie étudiante, mais je n'étudiais pas trop. Politiquement, moralement, athéistiquement, linguistiquement, j'ai toujours fait bande à part. Cependant j'ai été chanceuse, à l'école, j'avais une grosse voix, et toujours la main levée. Mes amiEs qui n'osaient pas poser les questions, je les entendaient chuchotter, et je posais leurs questions. Ce faisant, ma propre compréhension s'améliorait. Oui, les profs m'aimaient bien. J'avais des mecs qui me chialaient après «les profs de parlent tout le temps» hahaha!
RépondreSupprimerMais j'ai rencontré le problème sur le marché du travail. Une femme intelligente avec une voix forte dans le milieu du travail, ça ne marche pas du tout. Même chose dans certains groupes de bénévolat ou d'action socio-politique, les femmes intelligentes aux voix fortes sont rarement acceptées.
Alors que pour les mâles, les voix fortes, et les gestes forts, dominent. Une fois j'étais en réunion avec notre parti vert local, et un mec au cheveux blancs qui avait l'habitude de dominer les discussions avec sa voix forte, s'est choqué contre moi et a lancé une chaise!
Le problème avec certaines féministes, est qu'elle s'attendent à ce que les hommes leur laissent volontairement une place, une part du pouvoir, et évidemment, ça serait gentil, mais c'est AUX FEMMES à mettre le pieds devant en très grand nombre. On ne peut être quasi seules à le faire, c'est en masse qu'on accomplit des choses.