Frances, apprentie danseuse de 27 ans, amuse la galerie avec
des pas de débutante, joue à se bagarrer, court dans la rue et tombe par terre.
Elle est vivante, souple, son corps crève l’écran. Sans artifices, les cheveux
en pétard, elle a des amis garçons qui la « friendzone ». Elle part
en week-end toute seule et plaisante de son acné. Frances Ha est un film sur le
corps de Frances, un corps qui s’épanouit sans la moindre scène d’amour ni le
moindre baiser.
Il n’y a pas d’histoire d’amour dans Frances Ha : le
boyfriend est évacué dès la deuxième séquence et ne sera pas remplacé. Si
Frances et sa meilleure amie parlent de sexe, c’est pour dire : « On
baisait plus », et « Il m’éjaculait sur le visage, la grande
classe ». C’est le mot « undatable » qui revient le plus
souvent. Sophie, sa meilleure amie, se fiance, et son couple est ridicule.
Frances rompt avec son copain dès le début du film, mais
c’est renoncer à sa relation avec Sophie qui sera le plus difficile. Les deux
jeunes femmes sont liées par une amitié sororale qui mêle lâcher prise,
familiarité physique et fusion des imaginations. Puis Sophie déménage et la
carrière de Frances au sein de sa compagnie de danse est compromise. Entre
incertitudes, à peu près, hésitations, problèmes d’argent, décisions peu
judicieuses et ratés divers, la vie de Frances est décrite avec réalisme et un humour
non pas gaguesque mais qui se loge dans les détails. On se plante dans les
dates, on gaffe et on se moque des codes de séduction. « Faites comme si
je n’étais pas là, je cherche seulement à attirer votre attention ». Et le
happy end sera la réconciliation avec Sophie et la reconnaissance en tant que
chorégraphe par la directrice de la troupe.
Frances Ha se plante et persévère, rayonne naturellement et
fait passer les relations amicales et sa carrière artistique avant la quête du
grand amour. Une vraie belle figure d’identification féminine qui
revigore !
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