Et si on laissait parler les femmes ?
Les survivantes, bien sûr, mais pas uniquement.
Quand je dis que la prostitution est une violence, même dans
les beaux quartiers, même si le client est « gentil », on me rit au
nez : « C’est juste ta sensibilité, tu projettes tes propres
blocages, tu fais de ton cas une généralité... ». Je suis donc une petite
fille gâtée qui refuse la prostitution par sensiblerie niaise.
« On peut accepter d’être contrainte » :
voici le genre d’absurdités qu’on entend à propos de la prostitution, de la part d’hommes parfaitement
intégrés socialement. Nous sommes décidément des créatures irrationnelles et
bien « compliquées » : la règle de logique élémentaire selon
laquelle A n’est pas non-A s’applique à l’univers entier sauf à nous !
Dès qu’un acte sexuel est monnayé, il n’est pas libre. Le
choix du partenaire est contraint, ce qui est en soi une violence. En plus de
cela, le partenaire (qui n’en est pas un) devient client, face à un service
dont il dispose. Un client peut être beau et avoir la peau douce. Je peux même
l’avoir choisi. S’il m’impose une pratique sexuelle que je ne désire pas, c’est
un viol.
C’est là que les choses deviennent confuses dans les esprits
de ces messieurs, qui ne font pas toujours la différence entre érotisme et
violence, entre plaisir et avilissement.
« Imagine qu’une femme soit agressée sexuellement, mais
en fait elle le voulait », m’a dit un garçon bien éduqué de mon cercle
d’amis.
Jeune homme, sais-tu que je n’ai nullement besoin d’«
imaginer » une agression sexuelle ? Comme de nombreuses femmes, et
certains hommes, les pressions en tous genres et la violence
dans le domaine sexuel sont pour moi tout sauf une vue de l’esprit.
Contrairement aux hommes qui couvrent ma voix avec la leur,
et qui me font taire avec dédain, je sais très bien ce que c’est, que d’être
dépossédée de son corps.
C’est en ce sens que les femmes devraient être écoutées sur
la question de la prostitution. Messieurs, il ne viendrait à l’esprit d’aucune
de nous de vous couper la parole d’un ton péremptoire pour vous imposer nos
propres vues sur votre vécu en tant qu’homme.
Laissez-nous parler de ce que nous connaissons et que vous
ignorez. Oui, nous sommes plus à même de concevoir la brutalité potentielle du
sexe, et les dégâts immenses qu’elle peut causer, que le spectateur de film X
qui s’excite devant l’avilissement d’une femme et qui n’a jamais connu l’humiliation.
Tellement bien écrit,
RépondreSupprimertellement vrai.
On met ton article dans notre rubrique "la revanche des sites" !
Victor, vous avez supprimer votre commentaire volontairement? J'allais répondre.
RépondreSupprimerPour commencer, le Strass est, comme son nom l'indique, un groupe qui défend les intérêts des proxénètes. On y trouve aussi des personne prostituées qui se revendiquent comme telles. Or leur parole est-elle libre, quand on sait qu'elles dépendent des souteneurs et des clients pour vivre? On observe plusieurs phénomènes, le fait que les prostitué-e-s disent être fièr-e-s de leur activité pour survivre, se regarder dans la glace après des dizaines de passes à la suite, s'être fait cracher/pisser dessus, j'en passe et des meilleures.
Les prostituées qui s'en sortent expliquent elles-mêmes ce procédé. Personne ne veut être une victime. C'est le même principe pour la femme battue qui reste avec son mari en lui donnant de bonnes raisons de la battre. "je suis maltraitée" n'est pas une phrase qu'on se dit à soi-même de bon coeur.
Pour la suite, on peut en parler, mais comme le commentaire a disparu je ne sais plus trop quoi dire :-)
En tout cas merci pour votre réaction, bon week-end !
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